Octobre 2013 : Tokyo - Bangkok - Yangon - Mogok
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De nouveau à Tokyo où j’ai participé pour la 12° année au salon IMAGE à Tokyo.
C’est toujours un plaisir d’exposer au Japon où le public est très curieux, souvent connaisseur et très respectueux.
Et je m’y efforce de garder le rythme d’un lever très tôt pour être au dojo d’aïkido pour le cours de 6h30 et être prêt pour l’ouverture du stand à 10h.
Je suis parti de Tokyo pour Bangkok le soir même de la clôture de ce salon.
Arrivé à 6 h du matin à Bangkok, direction mon agence de voyage préférée afin d’obtenir mon visa pour le Myanmar le jour même. (Si vous avez besoin du contact, contactez-moi)
Vous pouvez faire cette démarche par vous-même patientant à l’Ambassade ; mais vu la faible somme demandée par l’agence, autant profiter de sa journée.
Ce fut donc une nouvelle fois la tournée des fournisseurs pour sélectionner des gemmes de collection et quelques spinelles et saphirs haut de gamme pour la joaillerie. Tout comme tous mes collègues, c’est toujours la même constatation, mois après mois, les prix montent, grimpent, flambent... les qualificatifs manquent.
Le soir même, départ pour Yangon au Myanmar. J’ai la chance d’y avoir un ami qui a un appartement sur place et passe plusieurs mois par an au Myanmar depuis 25 ans. Un ami de longue date... connu dans une salle de musculation aux Etats Unis, à Tucson, comme moi à l’entraînement avant l’ouverture du salon. Et pour l’anecdote, nous nous sommes entraînés dans une salle à Mogok, avec du materiel construit par les mineurs qui viennent s’entraîner le matin entre 6h et 8h avant d’aller à la mine.
Une courte nuit. Le réveil sonne à 4h pour être à l’heure pour le départ en avion pour Mandalay. A l’aéroport je découvre « la femme caméléon »...
Il est possible d’aller à Mogok depuis mai 2013. Mais cela reste soumis à autorisation.
Nous partons à trois. Nous sommes accompagnés par un ami birman qui s’occupe de toutes les autorisations et « cadeaux » nécessaires à qui de droit pour ne pas perdre de temps. La présence de notre « guide » est obligatoire. Mais nous avons la chance que ce guide soit un ami et pas un guide officiel, pas un militaire.
Mandalay est la première étape de notre expédition à Mogok. A partir de Mandalay, il faut environ 7 h de route pour atteindre Mogok (par l’ancienne route). Pour le retour nous testerons avec bonheur la nouvelle route par Pwin Oo Lwin qui fait gagner plus d’une heure.
A l’entrée sur le territoire de Mogok, il faut montrer patte blanche au militaire de service.
Arrivé à Mogok, nous nos installons à l’hôtel "Golden Butterfly". C’est le seul hôtel recommandable, même si les tarifs sont chers, vu le niveau de vie local. Il y a deux tarifs, l’un pur les birmans, l’autre pour les touristes.
Cet hôtel est à 20 minutes de Mogok, en venant par la route de Mandalay. Il surplombe Mogok. La vue sur « la vallée des rubis », depuis l’hôtel, est inoubliable.
Je vous déconseille de profiter de la piscine qui est plus propice à l’élevage des grenouilles...
Mogok est très souvent plongée dans les brumes matinales.
Nous sommes sous un climat tropical, mais presque tempéré du fait de l’altitude ((1170m).
Nous avons passé 4 jours à visiter des sites miniers. Il y a environ 1200 « mines » dans la région de Mogok. Certaines mines ont des noms bien connus des gemmologues (Kaday-Kadar, Shwe Pi Aye, Lin Yaung Gyi, Dattaw, Pyaung Gaung). D’autres sont plus anonymes, plus modestes. Certaines mines sont équipées de moyens assez lourds d’autres très rustiques. Certaines mines appartiennent au gouvernement, d’autres appartiennent à l’armée, d’autres sont privées sous un système de concessions.
Il n’y a pas de mine type à Mogok. Vous y trouverez tous types d’exploitations, de la simple prospection alluviale à la battée, jusqu’à celle en galeries ou puits, en passant par l’exploitation à l’air libre « open pit ».
Pendant la saison des pluies les mines sont soit à l’arrêt, soit en exploitation très réduite. Les mineurs y font des journées de travail 8 heures, 6 jours sur 7.
Mogok est une ville ou se côtoient diverses ethnies. J’ai eu l’occasion d’y faire la connaissance d’un habitant de la communauté népalaise. Son grand-père est arrivé avec l’armée anglaise lors de l’annexion. Je l’ai surnommé « Mr No Problem » ; chacune de ses phrases se terminant par « no problem ».
Le marché aux gemmes de Mogok est un lieu incontournable. Tous les jours de nombreux vendeurs y occupent les tables à disposition sous des parasols bleus. J’y ai vu un certain nombre de pierres, brutes ou taillées, mais les prix y sont inaccessibles, plus élevés qu’à Yangon ou même à Bangkok (lorsqu’on sait où aller...).
La ville de Mogok est au bord d’un lac. Partout où se pose le regard, on admire des pagodes aux toits dorés, même en pleine campagne.
Une anecdote : deux surnoms sont donnés aux gemmes « Berlusconi gem » et « Gambari gem ». Berlusconi avec son éternel sourire a ainsi fournit un surnom à des pierres précieuses brillantes comme sa dentition et son attrait pour les jeunes femmes.
A l’opposé un « Gambari spinel » est un spinel noir, à l’image du diplomate noir de l’ONU, Ibrahim Gambari qui n’a pas rencontré les succès escomptés au Myanmar.
Voir des belles pierres à Mogok n’est pas une chose facile. Il faut avoir des relations et vous ne les verrez pas sur le marché aux pierres, mais derrière les murs de certaines maisons.
Certains prix sont totalement incompréhensibles, « d’une autre planète ». Un exemple. Nous avons vu un brut de saphir clair. Le vendeur en voulait 60,000 et on lui a fait une proposition à 40,000. Mais il y a eu une confusion de part et d’autre entre le Kyat (unité de monnaie birmane), le Lek (1000 Kyat), le dollar...
Le prix demandé par le vendeur pour ce saphir n’était donc pas de 60,000 dollars mais de 600,000 et notre offre était de 40,000 dollars lorsque le vendeur comprenait 400,000 dollars !
Il a donc cru refuser une offre à 400,000 dollars ; ce qu’il ne manquera pas d’utiliser comme argument de vente avec le négociant en gemmes suivant. Et pourtant ce saphir est très loin de valoir cette somme demandée.
Quatre jours de visites de mines à Mogok. Nous avons bénéficié de conditions climatiques exceptionnelles et ainsi pu avoir la possibilité de visiter plusieurs mines en peu de temps. Mais il reste une impression de frustration après ces visites trop superficielles. Les réflexes du scientifique, du géologue resurgissent et le désir de rester sur un site, de l’étudier, de faire des prélèvements n’est pas assouvi.
J’y ai aussi eu une nouvelle expérience culinaire. On m’a proposé des larves grillées (larves trouvées dans des bambous). J’ai hésité, puis me suis lancé... puis j’en ai repris. C’est vraiment bon. Et en plus accompagné avec un bon Bordeaux. Par contre les gros criquets grillés, ce sera peut-être pour la prochaine fois...
La coquetterie des femmes birmanes est ce maquillage à base de bois de Tanaka.
Tout s’est bien passé pendant ce voyage à la poursuite des gemmes. Mais c’est un territoire où il ne faut mieux pas tomber malade ou avoir un accident. Les conditions de secours ou hospitalières sont très loin de nos normes.
Le dernier soir de ce voyage à Mogok, dans une boutique, j’ai été choqué de croiser un client arborant un casque nazi. C’est l’une des "modes locales". J’ai aussi rencontré un jeune avec un T-shirt à croix gammée et avec les inscriptions "Hitler" et "Nazi".
Mais je n’ai pas eu l’occasion de leur demander s’il connaissaient la signification de ce qu’ils portent. Je ne le pense pas. Mais ce qui est plus que choquant est que ceux qui créent ces articles et sont à l’origine de cette tendance dans le sud est asiatique sont certainement pleinement conscients de leurs actes.
Voir à ce sujet l’article du Monde.fr->
Nous retournons à Mandalay par la nouvelle route ouverte en mai 2013.
Arrivés juste à temps à l’aéroport pour un retour à Yangon et dès le surlendemain c’est un nouvel avion pour Bangkok.
J’y refais une tournée de mes amis et fournisseurs. J’ai pu rapporter de quoi satisfaire mes clients tant collectionneurs de gemmes que joailliers à la recherche de pierres fines et précieuses classiques mais de qualité.
Deux jours à Bangkok et c’est le retour en France mais avec un détour obligé à Tokyo pour y récupérer mes marchandises d’exposition laissées à l’aéroport. 36 heures de voyage retour, 3 avions.